Sur les traces de Jacques Prévert à la pointe de la Hague

Terre sauvage et déchirée située au nord-ouest du Cotentin, la pointe de la Hague est un territoire hors du temps où Jacques Prévert aimait se ressourcer depuis sa découverte dans les années 30, et où il finira par s’installer en 1971. Nous vous emmenons en Normandie sur les traces de ce célèbre poète français.

La Hague, terre sauvage et déchirée

Jacques Prévert disait du territoire qu’il était composé « de petites routes, étroites, qui mènent nulle part et partout », une manière très poétique de décrire ce paysage sculpté par les vents et les embruns et arrosé par la pluie, que j’ai découvert il y a quelques années lors d’un road trip entre le Mont-Saint-Michel et la Hague. On dit de cette région qu’elle ressemble à l’Irlande, mais son identité marquée par ses hommes, sa géographie, sa géologie, ses paysages spectaculaires et sa lumière changeante, lui est bien propre.

Entre le Nez de Jobourg et la pointe d’Ecalgrain, La Hague compte des falaises qui figurent parmi les plus hautes d’Europe continentale. 128 mètres de haut, ce n’est pas rien. Elles cachent, avec la réserve de Vauville voisine, un écosystème unique classé réserve ornithologique. Dans les environs se cachent aussi de charmants villages, et le phare de Goury qui veille, tel un mâts en pleine tempête, sur les courants du raz Blanchard, l’un des plus dangereux au monde et dans lequel de nombreuses embarcations ont péri.

C’est vers le Port Racine que Jacques Prévert est tombé amoureux de la pointe du Cotentin. On dit de lui que c’est le plus petit port de France, et il faut dire qu’il a beaucoup de charme avec ses petites embarcations accrochées à des cordes et ses petites cabines aux portes colorées, et ses alentours aux lumières et aux couleurs contrastées. Quand il venait dans la région, le poète élisait domicile juste au-dessus, à l’Hôtel L’Erguillère, avant qu’il ne s’installe définitivement à quelques encablures de là, à Omonville-la-Petite.

Chez Jacques Prévert à Omonville-la-Petite

C’est son ami, le décorateur de cinéma Alexandre Trauner, qui fait découvrir Omonville-la-Petite au poète et parolier bien connu des enfants du XXème siècle. Il achète une charmante petite maison dans « son coin de paradis » et s’y installe en 1971, seulement 6 ans avant sa mort. Dans les murs de cette modeste maison de pierre au jardin très bien entretenu, subsiste l’âme du poète. Ouverte au public d’avril à septembre, elle permet de découvrir son sublime atelier, ainsi que des expositions temporaires.

Jacques Prévert, sa femme et sa fille sont enterrés dans le petit cimetière attenant à l’église Saint-Martin.

Jardins hommage à Jacques Prévert

En voyageant sur les traces de Jacques Prévert à la Hague, je suis littéralement tombée sous le charme des jardins réalisés en hommage à l’artiste par son ami Gérard Fusberti, sa femme et Yves Montand. Dans ce petit coin du bout du monde où Jacques Prévert aimait recevoir, ses proches ont eu l’idée d’aménager un jardin où chaque arbre serait planté par un ami. C’est ainsi que Arletty, Montand, Barbara, Doisneau et bien d’autres encore, sont venus pour lui rendre hommage.

Aujourd’hui c’est un cadre très reposant dans lequel on déambule, on se pose ou on médite en lisant ses textes, ou en pensant à tous ces artistes aujourd’hui disparus. Labellisé Jardin Remarquable depuis 2004, c’est un endroit calme et reposant qui, au détour des textes, nous fait rencontrer Jacques Prévert.

Que l’on connaisse ou pas le poète, ce voyage sur les traces de Jacques Prévert permet d’aller à la rencontre d’un Cotentin charmant, authentique ou sauvage, et des textes toujours actuels d’un maître de la poésie. Merci Monsieur Prévert.