Les Moutiers-en-Retz, entre dunes et marais

Le marais breton est l’une des trois zones humides de Loire Atlantique avec le marais de Brière et le lac de Grand Lieu. C’est aux Moutiers-en-Retz qu’il se dessine avant de se déployer en Vendée. Je me suis baladée du port du Collet jusqu’au marais de Lyarne au petit matin d’un jour de printemps. Retour sur une matinée de solitude bucolique dans les dunes.

C’est aux aurores que je quitte Nantes pour une balade matinale près de les Moutiers-en-Retz, tout au sud de la Loire Atlantique. Territoire entre terre et mer, entre dunes et marais, on trouve ici un écosystème riche et protégé.

Le port du Collet au lever du soleil

C’est le port du Collet dans la baie de Bourgneuf qui m’a menée ici. Surnommé autrefois « le petit port chinois », pour ses pilotis je suppose, c’est aujourd’hui un port ostréicole et de plaisance. Le calme et zénitude règnent en ce matin post-confinement, à marée descendante de surcroit.

Depuis la maison de l’éclusier où j’ai garé ma voiture, je longe le chenal dans lequel s’engouffrent les premiers rayons du soleil. Un petit arrêt sur la passerelle me donne une idée de sa profondeur. Ces petites cabanes de pêcheurs et les pilotis en font un petit port bien pittoresque, avec déjà un petit air de Vendée.

Au loin l’Atlantique et Noirmoutier. A marée presque basse, le paysage est de vase mais il a son charme…

La dune du collet, chatons, coccinelles et papillons

Au bout du port, je m’engage dans la dune du Collet. Presque seule au monde aux aurores d’une belle matinée de printemps, je vois les rayons du soleil passer à travers l’enfilade de cyprès massifs et réchauffer les chatons, ou plutôt des lagures ovales, bercés par la brise.

La dune est protégée par des barrières de bois. Interdit de la piétiner. De temps à autres des petits chemins de sable mènent vers la plage et les pêcheries.

Ah les pêcheries… Elles sont nombreuses par ici. Il y en a sur toute la côte jusqu’à Saint-Nazaire. Ce sont les icônes du coin, souvent photographiées au coucher du soleil, elles le sont beaucoup moins quand le soleil vient de l’est et qu’il rase les dunes. C’est un autre style mais c’est pas mal non plus.

A marée basse, les carrelets sont au repos. Les portes fermées. Les filets relevés.

Derrière la dune je les devine. Ici, il se cache un écosystème riche en biodiversité qui a le pouvoir de protéger les terres des agressions de l’océan. Liseron des dunes, euphorbe maritime, linaire des sables, œillet des dunes et la fameuse lagure ovale comptent parmi les nombreuses variétés de plantes et de fleurs que constituent ce parterre dunaire magnifique.

En s’en approchant de plus près on peut y voir des coccinelles, des libellules ou des escargots, bien accrochés aux tiges de ces plantes.

Le marais de Lyarne aux portes de les Moutiers-en-Retz

Je continue de longer le littoral et arrive doucement au marais de Lyarne. Ici les oiseaux chantent et les grenouilles coassent. Au loin un âne braie et un coq chante. Je ne suis plus seule, la nature m’accompagne.

Le paysage change un peu. Les cyprès brassés par le vent ont des formes difformes. Au loin j’aperçois le clocher de les Moutiers-en-Retz. Je m’éloigne légèrement de l’océan et quand je jette un oeil en arrière, j’ai l’impression d’être dans la savane. Pas besoin d’aller loin pour être dépaysée ! Une cinquantaine de kilomètres de Nantes et hop je serais presqu’en Afrique.

Je rebrousse chemin. Le paysage m’est familier mais mon oeil s’attarde sur d’autres choses qu’à l’aller.

Les pêcheries, la dune, la végétation, c’est une promenade bucolique au paysages qui diffèrent du centre de la côte de Jade, plus rocailleux.

Même si j’étais encore en Loire Atlantique, cette balade avait un petit goût de Vendée et a fait remonter de jolis souvenir d’adolescente, lorsque je passais mes vacances dans les dunes de l’Épine à Noirmoutier.

Les chaussures pleines de sable, je rejoins ma voiture à port Collet, ravie de cette petite promenade matinale.

Le soleil bien haut dans le ciel et le port m’apparait sous un nouveau visage.

Je me balade entre les cabanes de pêcheurs et les mots de Francis Cabrel surgissent !

Elle a dit justement c’est ce que je voudrais savoir
Et j’ai dit viens t’asseoir dans la cabane du pêcheur
C’est un mauvais rêve, oublie-le!
Tes rêves sont toujours trop clairs ou trop noirs
Alors, viens faire toi-même le mélange des couleurs
Sur les murs de la cabane du pêcheur viens t’asseoir

Ce sont sur ces mots et cet air que je quitte port Collet. La mer remonte doucement, je reviendrai un jour à marée haute !